dimanche 8 avril 2012

Tueur de Démons

Gotrek et Felix Tome 3, de William King, traduit par Philippe Beaubrun, publié en français par la défunte Bibliothèque Interdite

Tueur de démons? de Morts-Vivants non? Parce qu'un blog qui n'a plus donné signe de vie depuis des mois, et dont le dernier article cause de squelettes, ça porte à confusion. Et puis revenir sur une critique d'un livre de William King, alors que j'avais promis que l'on ne m'y reprendrait plus, ça mérite explication: j'ai eu il y a quelques semaines l'occasion d'avoir le bouquin à prêter (bah oui, faut pas abuser tout de même...), et comme j'aime me faire mal, j'ai remis le couvert.
Au menu donc, point de morbacks, qu'on se gardera pour les tomes 6 et 12 (eh ouais, 12 tomes!), mais du démon. Et pas du second choix, mesdames et messieurs, la couv' annonce la couleur, ça sera du rouge et du Khorne, du buveur de sang 3 étoiles. Mais reprenons les choses dans l'ordre. Ceux qui ont eu le courage d'arriver au bout du précédent, et d'affronter l'ennui des vagues de Skavens à répétition, ces heureux élus savent donc que Gotrek a reçu un message privé qui l'a tiré de ses beuveries. Eh bien ni une ni deux, voila la doublette de Nuln sur les chemins, pour aller retrouver une vieille connaissance de Gotrek qui va les lancer dans une quête tout à fait naine: retrouver une forteresse perdue dans les désolations nordiques, et rayer quelques lignes dans le Livre des Rancunes. Au passage on ramasse le casting nécessaire à la suite des opérations: un second tueur, histoire de rendre les concours de coups de boule de Gotrek plus intéressant qu'avec son compère humain et un jeune nain qui va prendre le relai de Félix pour nous la jouer roman d'initiation. Tout ce beau monde se retrouve pour les préparatifs, et tombe par hasard sur Thanquol, venu se ressourcer après la rouste de Nuln. Le temps de lui mettre la fessée, l'équipée (rejointe par un skaven clandestin qui ne savait visiblement pas quoi faire d'autre) prend place dans un zeppelin construit par un ingénieur qui a gagné la crête orange au concours de crash et d'explosions. Allez hop, on y va, en route pour l'aventure.
première surprise, on oublie les nouvelles, cette foi il s'agit d'un vrai roman, en une seule pièce, qui va se construire au fur et à mesure des lieues parcourues par le dirigeable. Comme dans le précédent tome, les lieux et les peuples sont joliment décrits, et le voyage permet de voir l'Empire du ciel, une escale à Middenheim pour acheter des souvenirs, et une étape gastronomique dans un fortin kislévite. Puis une cité corrompue par le chaos confondue avec une station service pour zeppelin, et enfin une forteresse naine pas si abandonnée. Tout ça avec une belle adresse, sans longueur, avec des descriptions efficaces qui comme dans les tomes précédents, nous plongent dans le Vieux Monde. Quelques personnages attachants, qui manquent peut être un poil d'épaisseur derrière les héros hauts en couleurs, mais qui seront probablement repris dans les pérégrinations futures de Gotrek et Félix.
L'aventure en elle même n'est pas transcendante, mais les pires travers des précédents tomes sont gommés: les situations s’enchaînent un peu vite, ou maladroitement, mais ça n'en devient pas lourd pour autant, et les moments de discours ou de descriptions réussis suffisent à rassasier le lecteur amateur du Vieux Monde, et l'encouragent à pardonner la conduite un peu légère de l'intrigue.
L'auteur réussit même à nous éviter les inventions ridicules du tome précédent, où le lexique Skaven avait failli me faire pleurer: le zeppelin trouve un alibi valable, et si on oublie le catastrophique boomerang runique de la fin (ben quoi, vous saviez qu'en lançant assez fort un marteau de guerre, il fait un vol plané dans un nuage de paillette pour vous revenir dans la main?), on s'évite la honte du pyrotechnique de village qui avait ruiné la lecture du précédent.

Je vous laisse le soin de découvrir la fin un brin téléphonée du roman, avec retrouvailles inespérées et bataille désespérée (mais quand même gagnée, y'a 9 tomes à écrire derrière...) contre le démon qui donne son titre au livre (mais qu'on avait presque oublié), et qui mis en scène de cette manière nous rappelle que GW s'était servi bien avant de racheter les droits du Seigneur des Anneaux. J'oublie la pirouette de l'espace temps nécessaire au bon déroulement des opérations,  pour arriver à une autre conclusion, celle de cet article: j'avais largement égratigné William King sur le tome précédent, et j'ai bien fait de passer par dessus cette impression pour me réconcilier avec la saga de Gotrek et Félix. Les saveurs appréciables des précédents ne s'usent pas, et les moins bons aspects se font davantage oublier. C'est un chouette petit bouquin de gare, à réserver au fan qui vient chercher sa dose de Warhammertm. Et si cela ne soutient pas la comparaison avec ma lecture actuelle, le tome 2 d'Assassin Royal, de Robin  Hobb, le cliffhanger, sans doute suggéré par un des scénaristes de Lost (la j'ironise, en fait, William King n'est pas très bon à ce jeu là...) suffira à me faire prêter le tome suivant. Gageons que je ne manquerais pas de vous livrer mes impressions...


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire